Jamais le sujet n’aura été autant d’actualité : Créativité, innovation, solutions anti-crises…
En préalable du 11eme festival de l’innovation pédagogique, nous vous proposons différents articles.
Cet article vous propose une plongée au cœur de notre cerveau !
Notre « cerveau droit » serait le siège de la créativité alors que notre « cerveau gauche » serait garant de notre rationalité. Stop ! Ceci est un neuromythe, une fausse croyance. La réalité est bien plus complexe et la créativité est un processus cognitif qui fait intervenir de nombreuses régions du cerveau et différents modes de fonctionnement.
C’est quoi la créativité ?
Avant de connaître les mécanismes de la créativité, voyons à quoi elle correspond. Il est évident que les artistes travaillent avec leur créativité. Mais ce processus concerne bien d’autres activités comme les innovations technologiques, la recherche scientifique… et notre adaptation à un monde en changement. Sans elle, nous vivrions toujours dans des cavernes.
Selon les scientifiques, la créativité est la capacité à produire une idée, un concept ou un objet, qui soit à la fois nouveau, original et adapté à la situation.
Quelles zones du cerveau sont impliquées dans la créativité ?
Les études scientifiques ont montré que la créativité repose sur des processus cognitifs communs aux différentes formes de créativité (artistique, scientifique…). Et sa nature est la même pour une créativité individuelle ou en groupe.
Le grand principe de la créativité dans le cerveau c’est le recrutement de vastes réseaux pour la production d’idée inattendues. De nombreuses zones cérébrales sont impliquées : les connexions entre les deux hémisphères via le corps calleux, les circuits de l’imagerie mentale, mais aussi les lobes frontaux et préfrontaux. Ces derniers interviennent dans la régulation des émotions et leur influence sur le dialogue entre les aires cérébrales. Seraient également impliqués, le locus coeruleus en libérant de la norépinéphrine, neuromédiateur qui module les états de veille ainsi que le cervelet. Cependant la créativité n’émerge pas de nulle part, car pour pouvoir être créatif, il faut disposer d’un minimum de connaissances dans un domaine. Les idées créatives se construisent à partir de connaissances antérieures. Les structures de la mémoire sont donc elles aussi impliquées.
Nous sommes donc bien loin du « cerveau droit » ! La preuve en image (1).
Cette image montre la reconstruction des connections entre les lobes du cerveau dans un réseau très créatif (L = gauche, R = droit). Crédit : Roger Beaty, Harvard University, pour The Conversation.
Le paradoxe cognitif de la créativité
Il existe toutefois un paradoxe dans la créativité que des chercheurs de l’université de Stanford résument ainsi « plus on pense, moins on est créatif ». Le cortex préfrontal, celui de notre attention, prise de décision, résolution de problèmes… ne fonctionne pas seul. Il est au carrefour de plusieurs systèmes : sensoriel (lobe pariétal) d’où il reçoit des informations sur l’environnement, limbique qui l’informe sur l’état émotionnel et mnésique (lobe temporal) qui apporte des informations sur les expériences passées. Le cortex préfrontal court-circuite nos automatismes et nous permet de réfléchir à un problème, mais, pour pouvoir penser « out of the box », il est nécessaire à un moment que le lobe frontal libère le dialogue entre les aires cérébrales.
Le flipper neural
Barbara Oakley a modélisé ce mécanisme par l’image du flipper neural dans lequel, le mode concentré ou préfrontal (à gauche sur l’image) permet des connexions limitées entre les aires cérébrales alors que le mode diffus ou par défaut (à droite) permet un dialogue beaucoup plus large et donc l’émergence d’idées nouvelles. L’alternance des deux modes est nécessaire à la production d’idées créatives.
D’après Barbara Oakley (2)
Le processus créatif résulte donc d’une balance entre la pensée spontanée, large (pensée divergente) et la pensée contrôlée pour réfléchir à un problème ou autre et évaluer la pertinence des idées (pensée convergente).
Insight et sérendipité, quesako ?
Cette approche rejoint l’approche de la créativité qui utilise les problèmes d’Insight. L’insight c’est l’illumination, la découverte instantanée après une impasse. Le fameux Eurêka d’Archimède qui a trouvé la solution à son problème en prenant son bain, au moment où il ne cherchait plus consciemment la solution.
On peut évoquer ici aussi le phénomène de sérendipité, emprunté à l’anglais serendipity. Il s’agit d’une découverte inattendue, le fait de trouver autre chose que ce que l’on cherchait. Prenons comme exemple la découverte de l’Amérique. Ce type de découverte ne peut se faire que si l’esprit est préparé. Danièle Bourcier nous dit : « La sérendipité met en valeur la sagacité ou perspicacité de celui qui tombe dessus. Si on n’est pas préparé, on ne voit pas le fait ».
Et les émotions dans tout ça ?
Tolstoï pensait que l’art consiste à faire ressentir aux autres des émotions que l’on a soi-même vécues. En 1996, des chercheurs de l’Université de Miami, ont montré que la créativité est meilleure dans les conditions « joie » et « dépression » que dans la situation émotionnelle « neutre ». Les émotions positives et négatives auraient des effets différents sur la créativité. D’une part, les émotions négatives favoriseraient la qualité des idées. Le cerveau en mode « danger » chercherait la meilleure solution. D’autre part, les émotions positives auraient un impact sur la quantité et la diversité des idées. Le cerveau « heureux » s’engagerait totalement dans une tâche et serait alors plus créatif.
Développer sa créativité, oui, mais comment ?
Nous avons donc tous un potentiel créatif et il est possible de le développer et d’entretenir son réservoir créatif en tirant partie de ses erreurs, en ayant une vision à long terme, en persévérant, en rêvant, en se promenant et surtout, en restant curieux ! Prenons soin de notre potentiel créatif pour faire face aux divers changements de nos vies professionnelles et personnelles, nous adapter et nous épanouir.
Notre article suivant, consacré à l’effectuation, vous permettra d’avancer concrètement pas à pas.
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Article rédigé par Karine Bressand, Dr. en Neurosciences, coach RNCP, formatrice, conférencière.
Chez Apleasy, les neurosciences sont au service de vos objectifs : manager, s’adapter, évoluer, communiquer, mieux se connaître, s’orienter et apprendre à apprendre.
(1) Route of Creativity Revealed by fMRI. News Jan 17, 2018 | Original Story by Roger Beaty, Postdoc at Harvard University, for The Conversation.
(2) How Pinball Helps Explain Ways We Think and Learn. An excerpt from “A Mind for Numbers.” by Barbara Oakley, on September 4, 2014.
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